Description
High-level findings on the deep-sea capacity of 28 geographical areas in Oceania, divided into four subregions: Micronesia, Melanesia, Polynesia, and Australia & New Zealand.
Aperçu des résultats sur la capacité en eau profonde de 28 pays en Océanie, divisés en quatre sous-régions: Micronésie, Mélanésie, Polynésie et Australie/ Nouvelle-Zélande.
Nous présentons ici les informations sur les capacités techniques et humaines de 28 pays d’Océanie divisés en quatre sous-régions : la Micronésie, la Mélanésie, la Polynésie et l’Australie/Nouvelle-Zélande (Figure 1) [1]. L’Océanie possède la plus grande Zone Économique Exclusive (ZEE) et les plus vastes étendues d’eau océanique profonde de toutes les régions. La plus grande zone de profondeur en Océanie se trouve entre 4000 et 6000 mètres sous le niveau de la mer et couvre 50 % de toutes les ZEE de la région [2][3][4].
L’Océanie représente le plus grand potentiel d’expansion de la recherche et l’exploration en eau profonde, compte tenu de la vaste étendue de ses eaux océaniques profondes et de sa dépendance et sa relation particulière avec l’environnement marin. Un rapport détaillé des données récoltées pour les sous-régions et leurs pays est accessible en anglais sur la page Résultats des régions : Océanie.
Les réponses des participants au sondage ont permis d’évaluer l’état de l’exploration et la recherche dans les eaux profondes de chaque pays en indiquant dans quelle mesure les énoncés suivants sont correctes pour le pays représenté : (1) l’exploration et la recherche en eau profonde est considérée comme importante, (2) la technologie pour travailler en eau profonde existe, et (3) l’expertise pour travailler en eau profonde est présente.
Septante-deux (soixante-douze) pour cent des participants au sondage pour les sous-régions incluant la Mélanésie, la Micronésie et la Polynésie disent que l’exploration et la recherche en eau profonde est considérée comme importante dans leur pays. Cependant, seulement 6 % confirment avoir une technologie appropriée dans le pays, et 17 % confirment que l’expertise est présente pour mener ces activités. Pour la sous-région Australie/Nouvelle-Zélande, 40 % des participants ont déclaré que l’exploration et la recherche en eau profonde sont considérées comme importantes, alors que 80 à 100 % sont d’accord pour dire que la technologie et l’expertise nécessaires à la réalisation de ces activités existent dans le pays. Dans chaque sous-région du mic, le score obtenu pour décrire le niveau d’expertise présent dans le pays est égal à ou supérieure au score obtenu pour décrire l’état de la technologie.
Les données du sondage ont aussi été analysées au niveau sous-régional (Tableau 1).
Importance | Tech | Expertise | Sous-régions |
---|---|---|---|
Élevée | Élevée | Élevée | Europe du Nord, Europe de l'Ouest, Asie de l'Est |
Faible | Élevée | Élevée | Australie/Nouvelle-Zélande, Amérique du Nord |
Faible | Faible | Modérée | Europe de l'Est, Europe du Sud, Asie de l'Ouest, Afrique du Nord, Amérique du Sud |
Élevée | Faible | Modérée | Asie du Sud-Est, Afrique de l'Ouest |
Élevée | Faible | Faible | Mélanésie, Micronésie, Asie du Sud, Afrique de l'Est |
Faible | Faible | Faible | Polynésie, Afrique centrale, Afrique du Sud, Amérique centrale, Caraïbes |
Le changement climatique, l’exploitation minière ainsi que la conservation et protection des eaux océaniques profondes sont les trois enjeux principaux identifiés par les participants au sondage en Océanie. Les trois défis les plus importants sont le financement, la capacité humaine et l’accès aux véhicules de submersion profonde (DSV, pour « deep submergence vehicles » en anglais). Des technologies de collecte de données plus précises, des possibilités de formation et de meilleurs outils d’analyse de données sont les trois opportunités les plus intéressantes pour les participants de cette région.
Cette partie de l’étude concerne la présence d’infrastructures et de technologies – navires, DSV, capteurs et outils d’analyse de données – pour le travail en eau profonde sur base de recherches approfondies et des réponses des participants au sondage. Le sondage permet aussi d’analyser l’accès à chaque type de technologie et du niveau de satisfaction à l’égard des technologies accessibles dans chaque pays.
À l’aide de données de recherche manuelle et du sondage, nous avons enregistré les organisations et les industries maritimes dans chaque pays, que nous utilisons comme indicateur de la capacité humaine1.
Les organisations regroupent les universités, les organismes gouvernementaux et d’autres types d’organisations spécialisées sur les milieux marins. Nous avons identifié 170 organisations en Océanie : 60 universités et laboratoires de recherche, 69 organismes gouvernementaux et ministères, et 41 organisations de différents types. La sous-région d’Australie/Nouvelle-Zélande a le plus grand nombre d’organisations par pays alors que la Micronésie en a le moins.
Les industries les plus courantes en Océanie sont la pêche et l’aquaculture ainsi que le transport maritime, suivis du tourisme. L’exploitation minière est la moins présente mais quinze pays, principalement des pays étrangers (notamment la Belgique, l’Allemagne, le Canada, et la Russie), explorent le développement de cette activité. Les industries telles que la construction maritime et les énergies renouvelables dépendent également souvent de capacités étrangères. Un seul pays d’Océanie, la Nouvelle-Zélande, possède tous les types d’industries si on considère les activités d’exploitation minière en développement comme présentes.
Les navires sont la capacité technique la plus présente en Océanie. Les pays de cette région ont notamment plusieurs types de navires qui y sont plus présents que dans d’autres régions du monde. Par contre, l’accès aux navires est faible par rapport à l’accès à d’autres types de capacité technique mais est comparable à celui dans la plupart des autres régions. Le niveau de satisfaction à l’égard des navires est plus faible que dans les autres régions, à l’exception de l’Afrique, de l’Amérique latine et des Caraïbes.
Les bateaux de plaisance sont les plus présents, suivis des bateaux de pêche. Les navires de la marine sont les moins présents. Les navires les plus accessibles sont les bateaux de pêche, suivis des bateaux traditionnels.
Plus d’un tiers des participants au sondage disent ne pas avoir accès à un navire, et près de deux tiers pensent qu’un accès accru aurait un impact élevé, voire révolutionnaire pour leur travail.
Les véhicules de submersion profonde (DSV) sont la capacité technique dont la présence est la plus faible en Océanie. Alors qu’il y a une abondance de DSV de différents types en Australie/Nouvelle-Zélande, il y a une très faible présence en Micronésie, Mélanésie et Polynésie. De même, l’accès aux DSV est le plus élevé en Australie/Nouvelle-Zélande comparé à celui dans d’autres sous-régions.
Les véhicules de submersion télé-opérés (ROV, pour « remote operated vehicles » en anglais) sont les plus présents, suivis des modules de descente benthique. Les véhicules de submersion avec équipage (HOV, pour « human occupied vehicles » en anglais) et les traîneaux de remorquage sont les moins présents. Les DSV les plus accessibles en Océanie sont les modules de descente benthique, suivis des ROV et des véhicules sous-marins autonomes (AUV). Près de deux tiers des participants au sondage déclarent n’avoir aucun accès à un DSV.
Alors que 52 % des DSV accessibles fonctionnent à plus de 200 m de profondeur, seuls ceux accessibles en Australie/Nouvelle-Zélande fonctionnent au-delà de 1000 m. Donc plus de 91 % des ZEE micronésiennes, mélanésiennes et polynésiennes (les portions de ZEE à plus de 1000 m) sont inaccessibles.
En Océanie, 70 % des participants au sondage pensent qu’un accès accru aux DSV serait révolutionnaire pour leur travail. Donc, un accès à des technologies à faible coût serait bénéfique pour cette région.
La présence des capteurs en Océanie varie considérablement d’une sous-région à l’autre, allant de très faible à faible en Micronésie, Polynésie et Mélanésie alors qu’elle est élevée en Australie/Nouvelle-Zélande. La distribution de l’accès aux différents capteurs est répartie de la même manière.
Les systèmes de navigation sont les plus courants, suivis des systèmes d’échantillonnage d’eau. Le capteur le moins présent est celui pour récolter l’ADN environnemental. Les capteurs les plus accessibles sont les systèmes d’échantillonnage d’eau, suivis des capteurs chimiques (par exemple, pour l’oxygène ou le pH). et les sondes de conductivité, température et profondeur (ou CTD pour « Conductivity Temperature Depth » en anglais). Un tiers des participants au sondage ont déclaré n’avoir accès à aucun capteur.
Les facteurs notés comme ayant une incidence sur la performance des capteurs sont le manque d’accès, le manque d’expertise technique et le manque de disponibilité de plates-formes à partir desquelles déployer les capteurs.
Les pays comme Palau et Tonga dépendent fortement des capacités étrangères en ce qui concerne l’accès aux capteurs. Septante-quatre (soixante-quatorze) pour cent des participants au sondage pensent qu’un accès accru aux capteurs aurait un impact élevé, voire révolutionnaire, pour leur travail.
La présence d’outils d’analyse de données varie fortement allant de très faible à très élevée, une tendance similaire à l’Afrique, l’Amérique latine et aux Caraïbes. Comme pour les capteurs, l’accessibilité aux outils d’analyse de données varie très fort, allant d’un accès élevé en Australie/Nouvelle-Zélande à un accès faible ou très faible dans les autres sous-régions.
Malgré des niveaux d’accessibilité relativement faibles, 78 % des participants au sondage disent que ces outils d’analyse sont importants pour leur travail. Les outils les plus accessibles en Océanie sont les systèmes d’information géographique (SIG), suivis de ceux pour la gestion des données et pour le stockage des données. Près d’un quart des participants n’a aucun accès aux outils d’analyse de données répertoriés ici.
La satisfaction à l’égard de ces outils est faible à modérée, une tendance semblable à celle observée pour les autres régions. Septante (soixante-dix) pour cent des participants pensent qu’un accès accru aux outils d’analyse de données aurait une incidence importante, voire révolutionnaire, pour leur travail.
Les organisations, industries, navires, DSV, capteurs et outils d’analyse de données sont
évalués à l’aide des résultats de la recherche manuelle qui permet de déterminer la présence de ces capacités dans chaque pays ainsi qu’avec les réponses au sondage. Le sondage permet également d’identifier l’accessibilité à et le niveau de satisfaction pour les capacités techniques (navires, DSV, capteurs et outils d’analyse) dans chaque sous-région. Nous avons utilisé ces informations pour regrouper les sous-régions en fonction de leurs similitudes à l’échelle sous-régionale, régionale et mondiale (Tableau 2).
Présence | Accès | Satisfaction | Sous-régions |
---|---|---|---|
Modérée-élevée | Élevé | Élevée | Europe du Nord, Amérique du Nord |
Modérée | Modéré | Modérée | Australie/Nouvelle-Zélande, Europe de l'Ouest, Europe du Sud, Asie de l'Est, Asie du Sud-Est |
Modérée | Faible-Modéré | Faible-Modérée | Europe de l'Est, Asie de l’Ouest, Asie du Sud, Afrique du Nord, Afrique australe, Amérique du Sud |
Faible | Faible | Faible-Modérée | Mélanésie, Micronésie, Polynésie, Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, Afrique de l’Est, Amérique centrale, Caraïbes |
Pour la sous-région d’Australie/Nouvelle-Zélande, la présence d’infrastructures, la présence et l’accès aux technologies, ainsi que le niveau de satisfaction pour les technologies ont des scores modérés à élevés. En revanche, en Mélanésie, Micronésie et Polynésie il y a peu d’infrastructures et de technologies pour le travail en eau profonde, un faible accès aux technologies et un faible niveau de satisfaction à l’égard de ces technologies. De tous les pays d’Océanie, l’Australie est celui avec la plus forte abondance en technologies tandis que Nauru, les îles Pitcairn, Tokélaou (ou des Tokelau), Tonga et Tuvalu ont la plus faible.
L’Océanie représente la région avec le plus d’opportunités pour l’exploration et la recherche en eau profonde. En effet, elle possède la plus grande ZEE en eau profonde dans le monde et a le moins de capacité en termes d’infrastructures et de technologies pour l’explorer. L’intérêt local est élevé, plus que dans d’autres régions, comme le montrent les résultats du sondage.
L’industrie maritime très diversifiée d’Océanie comprend le tourisme et des opportunités pour les services de transport, de surveillance en mer et les activités de pêche. Les capacités étrangères sont fort présentes pour des industries comme la construction ou les énergies renouvelables et les technologies comme les DSV et capteurs surtout pour Palau, Tonga, Tuvalu et Tokélaou. Les capacités locales sont développées dans certaines îles telles que Niue, Tokélaou et les îles Christmas, avec un soutien élevé de l’Australie ou de la Nouvelle-Zélande.
Les industries maritimes ont créé des opportunités économiques dans de nombreux pays d’Océanie. Ces possibilités augmentent les ressources locales générales en créant des emplois et permettant aux citoyens de poursuivre des études supérieures. Les pays à faible revenu ont des technologies et des expertises techniques limitées mais sont plus adaptés à l’utilisation de pratiques et de connaissances traditionnelles.
Les ressources minérales trouvées en eau profonde et d’autres ressources naturelles font de l’Océanie une cible pour le développement de l’industrie minière et d’extraction. L’incapacité des communautés locales à explorer et donc à protéger les eaux profondes augmente le risque d’exploitation injuste et non durable. Notre rapport d’ « Évaluation mondiale des capacités en eau profonde 2022 » consolide les informations sur les capacités locales, créant ainsi une connaissance de base des capacités pour que chaque pays et les organisations locales élaborent des stratégies afin de permettre une indépendance des capacités de recherche et assurer une gestion éclairée des investissements locaux.