Description
High-level findings on the deep-sea capacity of 26 geographical areas in Europe, divided into four subregions: Northern Europe, Western Europe, Eastern Europe, and Southern Europe.
Aperçu des résultats sur la capacité en eau profonde de 26 pays d’Europe, divisés en quatre sous-régions: Europe du Nord, Europe occidentale, Europe de l’Est et Europe du Sud.
L’Europe possède la plus petite Zone Économique Exclusive (ZEE) et la plus petite étendue de ZEE en eau profonde de toutes les régions, sans compter les ZEE des territoires d’outre-mer et des dépendances situées dans d’autres régions. Cette évaluation comprend les informations sur les capacités techniques et humaines de 26 pays divisés en quatre sous-régions : l’Europe du Nord, l’Europe de l’Ouest, l’Europe de l’Est et l’Europe du Sud (Figure 1) [1].
L’Europe de l’Est possède la plus grande superficie d’eau profonde, suivie par l’Europe du Nord, l’Europe du Sud et enfin par l’Europe de l’Ouest. Les pays d’Europe de l’Est possèdent la plus grande ZEE, dont 97 % relève de la juridiction russe. Les pays d’Europe de l’Ouest possèdent la plus petite ZEE, dont 73 % relève de la juridiction française. La Fédération de Russie, le Portugal, l’Espagne, la Norvège et l’Islande possèdent les plus grandes zones océaniques profondes au sein de leur ZEE [2][3][4].
Alors que des pays comme les Pays-Bas, l’Allemagne et la Belgique possèdent des capacités importantes pour explorer les eaux profondes, ils n’ont pas été inclus dans notre étude car leur propre ZEE n’inclut pas de zone profonde considérable (>1 % à plus de 200 m de profondeur). Seize pays ont été évalués via la recherche manuelle et le sondage, huit pays ont été évalués via la recherche manuelle uniquement et deux pays via le sondage uniquement. Un rapport détaillé sur les résultats obtenus pour ces sous-régions d’Europe et leurs pays est accessible en anglais à la page Résultats des régions : Europe.
Les participants au sondage ont permis d’évaluer l’état de l’exploration et la recherche dans les eaux profondes de chaque pays en indiquant dans quelle mesure les énoncés suivants sont corrects pour le pays représenté : (1) l’exploration et la recherche en eau profonde est considérée comme importante, (2) la technologie pour travailler en eau profonde existe, et (3) l’expertise pour travailler en eau profonde est présente.
Cinquante-deux pour cent des participants au sondage sont d’accord pour dire que l’exploration et la recherche en eau profonde sont importantes dans leur pays, et 51 % sont d’accord sur le fait qu’ils disposent de la technologie nécessaire au niveau national pour mener de telles activités. Les trois quarts des participants confirment aussi que leur pays possède une expertise nationale nécessaire pour mener ces activités. Dans chaque sous-région, le niveau d’expertise est égal ou supérieur à celui des capacités techniques.
Les résultats du sondage ont aussi été évalués au niveau sous-régional (Tableau 1). L’exploration et la recherche en eau profonde sont considérées comme importantes dans les pays d’Europe de l’Ouest et d’Europe du Nord. Dans ces mêmes sous-régions, les technologies et le niveau d’expertise sont décrits comme élevés. L’inverse est observé pour l’Europe de l’Est et l’Europe du Sud.
Importance | Tech | Expertise | Sous-régions |
---|---|---|---|
Élevée | Élevée | Élevée | Europe du Nord, Europe de l'Ouest, Asie de l'Est |
Faible | Élevée | Élevée | Amérique du Nord, Australie/Nouvelle-Zélande |
Faible | Faible | Modérée | Europe de l'Est, Europe du Sud, Asie de l'Ouest, Afrique du Nord, Amérique du Sud |
Élevée | Faible | Modérée | Asie du Sud-Est, Afrique de l'Ouest |
Élevée | Faible | Faible | Asie du Sud, Afrique de l'Est, Mélanésie, Micronésie |
Faible | Faible | Faible | Afrique centrale, Afrique du Sud, Polynésie, Amérique centrale, Caraïbes |
En Europe, les trois enjeux sélectionnés comme les plus importants sont la conservation et protection, les sciences fondamentales, et la pêche et l’aquaculture. Les trois défis les plus importants sont le financement, l’accès à des navires et l’accès aux véhicules de submersion profonde (DSV, pour « deep submergence vehicles » en anglais). Finalement, les opportunités les plus intéressantes pour les participants au sondage sont le fait d’avoir plus de technologies de collecte de données moins coûteuses et plus précises, ainsi que des possibilités de formation.
Cette partie de l’étude concerne la présence d’infrastructures et de technologies – navires, véhicules de submersion profonde (DSV), capteurs et outils d’analyse de données – pour le travail en eau profonde sur base de recherches approfondies et des réponses des participants au sondage. Le sondage permet aussi d’analyser l’accès à chaque type de technologie et du niveau de satisfaction à l’égard des technologies accessibles dans chaque pays.
À l’aide de données de recherche manuelle et du sondage, nous avons enregistré les organisations et les industries maritimes dans chaque pays, que nous utilisons comme indicateur de la capacité humaine1.
Nos recherches sur ces infrastructures regroupent les institutions telles que les universités, les organismes gouvernementaux, d’autres types d’organisations ainsi que diverses industries maritimes. Nous avons enregistré 329 institutions en Europe : 139 universités et laboratoires de recherche, 124 organismes gouvernementaux et ministères, et 66 organisations de différents types. L’Europe de l’Est a le plus grand nombre d’organisations par pays alors que l’Europe du Sud en a le moins.
Les industries maritimes les plus courantes en Europe sont celles de la construction maritime, du transport maritime, de sécurité et surveillance, et du tourisme. L’exploitation minière en eau profonde est l’industrie la moins présente, bien qu’actuellement en développement dans cinq pays. Ces derniers détiennent des contrats d’exploration et pourraient bientôt commencer des activités d’extraction dans des eaux principalement, voire exclusivement, en dehors de leur propre ZEE si le droit d’exploitation est accordé.
Les résultats obtenus via la recherche manuelle et le sondage sont parfois différents. Les différences les plus significatives sont observées pour la sécurité et la surveillance, la conservation et la protection, et la construction en milieu marin. En effet, beaucoup plus de ces industries ont été enregistrées comme présentes avec les résultats de la recherche qu’avec ceux du sondage. Inversement, les résultats du sondage comptent significativement plus d’industries en énergie renouvelable et en exploitation de pétrole et de gaz au large que ce que la recherche manuelle a permis d’identifier.
La capacité technique la plus diversifiée en Europe est celle des navires. Aussi, les pays d’Europe ont en moyenne plus de navires que les autres pays dans le monde. Malgré une telle présence, l’accès à certains types de navires est encore faible, mais comparable à celui trouvé dans d’autres régions du monde. De plus, le degré de satisfaction à l’égard des navires varie très fort, allant de très faible en Europe de l’Est à très élevé en Europe du Nord et de l’Ouest.
Les bateaux de pêche et de plaisance sont les plus courants, suivis des navires de la marine et de recherche.Les bateaux de croisière sont les moins courants.
Plus de 90 % des participants au sondage considèrent que les navires sont importants pour leur travail, et 91 % ont accès à au moins un des types de navires évalués ici. Les types de navires les plus accessibles sont ceux de recherche, suivis des bateaux de pêche et de plaisance.
Le sondage indique que les performances, la taille et la durée d’opération sont les aspects les plus satisfaisants des navires en Europe.
Comme pour les navires, la présence et l’accès aux véhicules de submersion profonde (DSV) sont généralement élevés en Europe, et parmi les plus élevés dans le monde. Les véhicules sous-marins télé-opérés (ROV, pour « remote operated vehicles » en anglais) sont les plus courants, suivis des véhicules sous-marins autonomes (AUV, pour « autonomous underwater vehicles » en anglais). Les véhicules de submersion avec équipage (HOV, pour « human occupied vehicles » en anglais) sont les moins courants des véhicules évalués. Les ROV sont également les plus accessibles des DSV, suivis des AUV et des modules de descente benthique. Moins de 10 % des participants ont déclaré ne pas avoir accès aux DSV.
La profondeur à laquelle les DSV peuvent opérer est également élevée, avec 80 % des DSV accessibles pouvant opérer à plus de 200 m de profondeur. Les participants pour l’Europe du Nord, l’Europe de l’Ouest et l’Europe du Sud confirment avoir accès à des véhicules qui pourraient fonctionner à plus de 4 000 m. Cependant, dans certains pays territoires tels que Gibraltar ou les îles Féroé, les DSV ne sont disponibles que via des capacités étrangères, souvent d’autres pays européens.
En général, les niveaux de présence, d’accès et de satisfaction pour les capteurs sont élevés par rapport à ceux d’autres régions.
Les sondes de conductivité, température et profondeur (CTD, pour « Conductivity, Temperature, Depth » en anglais) et systèmes de cartographie sont les plus présents en Europe alors que les systèmes de navigation sont les moins courants. Les CTD sont également les plus accessibles, suivis des capteurs chimiques, des systèmes de cartographie des fonds marins et ceux d’échantillonnage d’eau. Plus de 90 % des participants ont accès à des capteurs.
Les deux tiers des participants sont satisfaits, surtout des aspects liés à l’utilisation et la manipulation de tels capteurs. Les participants au sondage d’Europe de l’Est sont les plus satisfaits des capteurs, à l’inverse de ceux d’Europe occidentale. D’autres capteurs signalés par les participants au sondage comprennent les profileur de courant acoustique Doppler (ou ADCP pour « acoustic Doppler current profiler » en anglais), les systèmes de rétrodiffusion optique, les capteurs de traçage chimique, et les capteurs de turbidité.
La deuxième capacité technique la plus diversifiée en Europe est celle des outils d’analyse de données. En moyenne, l’Europe a la présence la plus élevée et un niveau d’accès et de satisfaction pour ces outils également parmi les plus élevés parmi les régions évaluées.
Septante-neuf (soixante-dix-neuf) pour cent des participants au sondage disent que les outils d’analyse de données sont importants. L’informatique en « cloud » est l’outil le plus important, suivi des systèmes de stockage de données. Les outils de visualisation, ceux de gestion des données et de séquençage d’ADN sont les moins présents, mais 80 % des participants y ont tout de même accès.
Les systèmes d’information géographique (SIG) sont les plus accessibles, suivis des systèmes de stockage de données et de gestion des données. Quatre-vingt-cinq pour cent des participants ont accès à des outils d’analyse de données.
La recherche manuelle et le sondage évaluent la présence des organisations, industries, navires, DSV, capteurs et outils d’analyse de données dans chaque pays et les réponses au sondage permettent également d’identifier les niveaux d’accessibilité et de satisfaction envers les navires, DSV, capteurs et outils d’analyse de données dans chaque sous-région. Nous avons utilisé ces informations pour regrouper les sous-régions en fonction de similitudes à l’échelle sous-régionale, régionale et mondiale (Tableau 2).
Présence | Accès | Satisfaction | Sous-régions |
---|---|---|---|
Modérée-élevée | Élevé | Élevée | Europe du Nord, Amérique du Nord |
Modérée | Modéré | Modérée | Europe de l'Ouest, Europe du Sud, Asie de l'Est, Asie du Sud-Est, Australie/Nouvelle-Zélande |
Modérée | Faible-Modéré | Faible-Modérée | Europe de l'Est, Asie de l’Ouest, Asie du Sud, Afrique du Nord, Afrique australe, Amérique du Sud |
Faible | Faible | Faible-Modérée | Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, Afrique de l’Est, Mélanésie, Micronésie, Polynésie, Amérique centrale, Caraïbes |
L’Europe du Nord a obtenu les plus hauts scores de présence, d’accessibilité et de satisfaction selon les résultats de la recherche et sur les infrastructures et technologies avec le sondage. Un résultat similaire à celui de l’Amérique du Nord. En revanche, en Europe de l’Est, les infrastructures et technologies marines ont une présence modérée à élevée, avec en plus un accès et un niveau de satisfaction faibles à modérés, semblables à ceux d’Asie occidentale et d’Amérique du Sud. Les pays d’Europe tels que l’Irlande, l’Italie, la Norvège, le Portugal, l’Espagne et le Royaume-Uni, possèdent chacun une capacité en technologie diversifiée et développée. A l’inverse, Gibraltar est le pays avec la capacité technique la plus faible.
De nombreuses institutions en Europe possèdent les capacités techniques et humaines pour l’exploration et la recherche en eau profonde. En général, les niveaux de présence, d’accès et de satisfaction à l’égard de ces capacités sont élevés dans toute la région. De nombreux pays européens ont déjà participé à la recherche en eau profonde et commencent à explorer des technologies plus avancées, y compris les véhicules sous-marins autonomes (AUV).
Il y a moins d'informations disponibles pour les pays d’Europe de l’Est. Cette diminution d’information est peut-être due à des restrictions d’accès aux informations (par exemple, accès restreint aux sites internet pour la Russie et l’Ukraine). La recherche d’information était aussi parfois limitée ou complexe pour les territoires d’outre-mer ou autre pays avec dépendance envers un pays étranger, pour lesquels il est difficile de faire la part entre capacité locale et étrangère.
De nombreux pays européens ont depuis longtemps investi dans l’exploration et la recherche des grands fonds marins et sont devenus des leaders mondiaux dans le domaine. Aujourd’hui, ces pays européens dotés d’importantes ressources ont une réelle opportunité de participer à l’élaboration d’une capacité globale et équitable pour explorer les eaux profondes à la fois au sein de l’Europe mais également dans les autres régions du monde qui possèdent moins de ressources.