Description
High-level findings on the deep-sea capacity of 55 geographical areas in the Americas, divided into four subregions: Northern America, Central America, the Caribbean, and South America.
Aperçu des résultats sur la capacité en eau profonde de 55 pays d’Amériques, divisés en quatre sous-régions: Amérique du Nord, Amérique centrale, Caraïbes et Amérique du Sud.
Ce rapport d’évaluation des capacités techniques et humaines pour l’exploration et la recherche en eau profonde regroupe les informations pour 55 pays divisés en quatre sous-régions: l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale, les Caraïbes, et l’Amérique du Sud (Figure 1) [1]. Au niveau global, nous avons séparé L’Amérique du Nord comme région à part, mais au niveau d’analyse utilisé ici, nous présentons toutes les Amériques ensembles.
Alors que les Amériques possèdent la deuxième plus petite Zone d’Exclusivité Économique (ZEE) de toutes les régions et la deuxième plus petite zone d’eau profonde (sans compter les territoires d’outre-mer revendiqués par d’autres pays), 97 % des pays ont des eaux profondes dans leur ZEE individuelle [2][3][4].
Les États-Unis d’Amérique, le Chili, le Canada, le Brésil et le Mexique possèdent les plus grandes zones océaniques profondes au sein de leur ZEE, mais beaucoup d’autres pays et territoires ont un haut potentiel pour participer à l’exploration des eaux profondes.
Ce rapport sur les capacités nationales documente des informations de base qui peuvent aider à identifier les lacunes et les opportunités pour l’exploration et la recherche en eau profonde, en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Un rapport plus détaillé sur les capacités est accessible en anglais sur la page Résultats de la région : Amériques.
Les participants au sondage ont permis d’évaluer l’état de l’exploration et la recherche dans les eaux profondes de chaque pays en indiquant dans quelle mesure les énoncés suivants sont corrects pour le pays représenté : (1) l’exploration et la recherche en eau profonde est considérée comme importante, (2) la technologie pour travailler en eau profonde existe, et (3) l’expertise pour travailler en eau profonde est présente.
L’Amérique du Nord possède une capacité technique et humaine importante. D’autre part, en Amérique centrale, Amérique du Sud, et dans les Caraïbes, le niveau d’importance des activités d’exploration et de recherche et des capacités techniques et humaines nécessaires à ces activités va de très faible à modéré.
Les résultats combinés pour cette région (qui incluent ceux pour l’Amérique du Nord) présentent le même biais que de telles évaluations des capacités précédemment réalisées sur la région à cause de la participation importante des États-Unis au sondage. Par exemple, 56 % de l’ensemble des participants confirment avoir l’expertise dans le pays, ce qui est élevé comparé aux résultats obtenus lors de l’examen des sous-régions individuellement. Cependant, même en ayant ce biais, la moitié des participants décrivent un manque de technologie pour effectuer des activités en eau profonde.
Un résultat intéressant qui mériterait d’être approfondi concerne l’importance des recherches en eau profonde. Dans l’ensemble, seulement 36 % des participants, toutes Amériques confondues, sont d’accord pour dire que l’exploration et la recherche sont importantes dans leur pays, ce qui est le plus faible pourcentage obtenu parmi les différentes régions du monde.
Les résultats du sondage ont aussi été évalué au niveau sous-régional (Tableau 1).
Importance | Tech | Expertise | Sous-régions |
---|---|---|---|
Élevée | Élevée | Élevée | Europe du Nord, Europe de l'Ouest, Asie de l'Est |
Faible | Élevée | Élevée | Amérique du Nord, Australie/Nouvelle-Zélande |
Faible | Faible | Modérée | Amérique du Sud, Europe de l'Est, Europe du Sud, Asie de l'Ouest, Afrique du Nord |
Élevée | Faible | Modérée | Asie du Sud-Est, Afrique de l'Ouest |
Élevée | Faible | Faible | Asie du Sud, Afrique de l'Est, Mélanésie, Micronésie |
Faible | Faible | Faible | Amérique centrale, Caraïbes, Afrique centrale, Afrique du Sud, Polynésie |
Pour les Amériques, les trois enjeux sélectionnés comme les plus importants sont la pêche et l’aquaculture, la conservation et protection environnementale, et les sciences fondamentales et l’exploration. Le sondage a permis d’identifier que les trois défis les plus importants sont le financement, la capacité humaine et l’accès aux navires (comme pour l’Afrique). Finalement, les opportunités les plus intéressantes pour les participants au sondage comptent l’accès à des technologies de collecte de données moins coûteuses, des possibilités de formation ainsi que de meilleurs outils d’analyse de données.
Cette partie de l’étude concerne la présence d’infrastructures et de technologies – navires, véhicules de submersion profonde (DSV), capteurs et outils d’analyse de données – pour le travail en eau profonde sur base de recherches approfondies et des réponses des participants au sondage. Le sondage permet aussi d’analyser l’accès à chaque type de technologie et du niveau de satisfaction à l’égard des technologies accessibles dans chaque pays.
À l’aide de données de recherche manuelle et du sondage, nous avons enregistré les organisations et les industries maritimes dans chaque pays, que nous utilisons comme indicateur de la capacité humaine1.
Nos recherches sur ces infrastructures regroupent les institutions telles que les universités, les organismes gouvernementaux, d’autres types d’organisations ainsi que diverses industries maritimes. Nous avons enregistré 667 institutions pour toutes les Amériques : 261 universités et laboratoires de recherche, 244 organismes gouvernementaux et ministères, et 162 organisations de différents types. L’ Amérique du Nord a le plus grand nombre d’organisations par pays alors que les Caraïbes en ont le moins.
Les industries les plus courantes sont le transport maritime et la pêche et l’aquaculture, suivis du tourisme. L’exploitation pétrolière et de gaz en haute mer et l’exploitation minière sont les industries les moins courantes. Cependant, cinq pays explorent la possibilité de développer les activités d’exploitation minière en eau profonde. Un seul pays, les États-Unis d’Amérique, ont tous les types d’industries évalués.
La capacité technique la plus présente pour les Amériques est celle des navires, et la présence dans chaque pays est comparable à celle de plusieurs types de navires dans d’autres régions du monde. L’accès aux navires est également comparable à celui dans d’autres régions du monde. Le niveau de satisfaction varie fortement entre sous-régions, allant de très faible en Amérique du Sud à élevé en Amérique du Nord.
Les navires de pêche sont les plus courants, suivis des bateaux de plaisance. Les bateaux traditionnels sont les moins courants. Septante-six (soixante-seize) pour cent des participants ont accès à au moins un type de navire. En Amérique du Nord, 89 % ont accès à des navires de recherche, tandis que seulement 34 % y ont accès en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Les participants d’Amérique du Nord sont les plus satisfaits du fonctionnement des navires, à l’inverse de ceux dans les Caraïbes et en Amérique du Sud. Septante (soixante-dix) pour cent des participants pensent qu’un accès accru aux navires serait important, voire révolutionnaire, pour leur travail.
Les niveaux de présence, d’accès et de satisfaction vis-à-vis des véhicules de submersion profonde (DSV) ont tous la même tendance : élevés en Amérique du Nord et faibles dans toutes les autres sous-régions des Amériques.
Les véhicules sous-marins télé-opérés (ROV, pour « remote operated vehicles » en anglais) sont les plus présents, suivis des modules de descente benthique et des véhicules de submersion avec équipage (HOV, pour « human occupied vehicles » en anglais), alors que les traîneaux de remorquage sont les moins présents. Deux pays, le Canada et les États-Unis, ont tous les types de DSV évalués, et quinze pays n’en ont aucun.
Les DSV les plus accessibles sont les ROV, les modules de descente benthique et les véhicules sous-marins autonomes (AUV, pour « autonomous underwater vehicles » en anglais). La moitié des participants, dont la majorité sont d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et des Caraïbes disent n’avoir aucun accès aux DSV.
Les profondeurs auxquelles les DSV peuvent opérer sont peu problématiques, avec 83 % des DSV accessibles pouvant aller à une profondeur supérieure à 200m. Cependant, cet accès est surtout valable en Amérique du Nord où le plus de DSV peuvent d’ailleurs aller le plus profond. En plus, dix des modules de descente benthique enregistrés pour la région et dix autres DSV sont limités aux opérations en eau peu profonde (moins profonde que 200 m).
Une grande majorité des participants au sondage disent qu’accès accru aux DSV aurait un impact important, voire révolutionnaire, pour leur travail. Nos recherches révèlent que les capacités étrangères fournissent environ 15 DSV de différents types, permettant l’exploration en eau profonde dans certains pays qui sans cela n’auraient pas les moyens de mener ces activités d’exploration.
La présence de capteurs varie fortement entre pays, allant de très faible à très élevée, une tendance similaire à la plupart des régions du monde. Comme la plupart des autres capacités techniques de la région, il y a une variation au niveau de l’accès aux différents capteurs, avec le plus d’accès en Amérique du Nord et le moins d’accès en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Les systèmes d’échantillonnage d’eau sont les plus présents, suivis des systèmes de navigation. Les systèmes d’échantillonnage d’ADN environnemental sont les moins courants. Les sondes de conductivité, température et profondeur (CDT, pour « Conductivity Temperature Depth » en anglais) et les systèmes d’échantillonnage d’eau sont les plus accessibles. Mais plus d’un tiers des participants au sondage n’ont pas accès à des capteurs.
L’avis général sur les performances des capteurs est mitigé. Dans l’ensemble, le coût, la profondeur maximale, la facilité d’utilisation et les capacités sont satisfaisantes mais pas la disponibilité.
Comme pour les autres capacités techniques, l’Amérique du Nord est la sous-région avec les niveaux les plus élevés de présence, d’accès et de satisfaction à l’égard des outils d’analyse de données et l’Amérique latine et les Caraïbes ont les plus faibles.
Les systèmes d’information géographique (SIG) sont les plus présents, suivi des systèmes de gestion de données. Les outils de séquençage génomique sont les moins communs. Les SIG sont aussi les plus accessibles, suivi des capacités de stockage de données et des outils de visualisation des données. Seulement 15 % des participants au sondage n’ont aucun accès à de tels outils.
Malgré les faibles taux de présence, d’accès et de satisfaction dans la plupart des pays, 90 % des participants disent que les capteurs sont importants pour leur travail. Un pourcentage similaire pense qu’un accès accru aux outils d’analyse de données aurait un impact significatif sur leur travail.
La recherche manuelle et le sondage évaluent la présence des organisations, industries, navires, DSV, capteurs et outils d’analyse de données dans chaque pays et les réponses au sondage permettent également d’identifier les niveaux d’accessibilité et de satisfaction envers les navires, DSV, capteurs et outils d’analyse de données dans chaque sous-région. Nous avons utilisé ces informations pour regrouper les sous-régions en fonction de similitudes à l’échelle sous-régionale, régionale et mondiale (Tableau 2).
Présence | Accès | Satisfaction | Sous-régions |
---|---|---|---|
Modérée-élevée | Élevé | Élevée | Amérique du Nord, Europe du Nord |
Modérée | Modéré | Modérée | Europe de l'Ouest, Europe du Sud, Asie de l'Est, Asie du Sud-Est, Australie/Nouvelle-Zélande |
Modérée | Faible-Modéré | Faible-Modérée | Amérique du Sud, Europe de l'Est, Asie de l’Ouest, Asie du Sud, Afrique du Nord, Afrique australe |
Faible | Faible | Faible-Modérée | Amérique centrale, Caraïbes, Afrique de l’Ouest, Afrique centrale, Afrique de l’Est, Mélanésie, Micronésie, Polynésie |
L’Amérique du Nord a le plus d’infrastructures et de technologies maritimes présentes et accessibles, avec un niveau de satisfaction à l’égard de ces infrastructures et technologies similaire à celui d’Europe du Nord. En revanche, l’Amérique centrale et les Caraïbes ont des niveaux de présence et d’accès aux infrastructures et aux technologies faibles et le niveau de satisfaction va de modéré à faible, similaire à celui observé pour l’Afrique de l’Ouest ou encore la Polynésie. L’Amérique du Sud a un niveau de présence d’infrastructures et de technologies modéré à élevé, mais des niveaux d’accès et de satisfaction faibles à modérés, similaires à ceux d’Asie occidentale ou d’Europe de l’Est. En ce qui concerne les pays en individuel, le Brésil, le Canada et les États-Unis ont la plus grande présence de technologies alors que Dominique, Saint-Barthélemy, Saint Kitts-et-Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Martin et Saint-Eustache ont la plus faible.
Pour les Amériques, il existe une grande disparité des ressources en technologies pour le travail en eau profonde. L’Amérique du Nord a une vaste capacité d’exploration et de recherche des eaux océaniques profondes dont une grande partie semble également accessible. L’Amérique latine et les Caraïbes, au contraire, ont peu de ressources et d’accès. Cependant, ce rapport montre aussi que l’Amérique latine et les Caraïbes ont une capacité humaine bien développée associée à un fort potentiel d’innovation de pointe qu’une infrastructure de recherche plus développée pourrait améliorer.
Dans cette région, comme dans les autres, la capacité technique tend à être plus développée dans les pays à revenu élevé (tels que les États-Unis et le Canada). Les pays à faible revenu d’Amérique centrale ont peu de ressources en termes de recherche mais, dans certains cas, ont développé des ressources humaines de pointe grâce à des partenariats avec des organisations de pays étrangers et/ou des investissements étrangers pour avoir la technologie nécessaire à un tel développement.
En général, les pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui ont le plus de capacité d’exploration et de recherche en eau profonde sont ceux qui ont exploité des ressources pétrolières et de gaz, comme le Brésil et le Mexique. De nombreux pays ayant des eaux situées dans le Pacifique et de l’Atlantique/Caraïbes se concentrent sur la côte du Pacifique pour développer les activités en milieu marin. Dans le cas du Chili et du Pérou, la capacité de recherche a été développée autour de la gestion des pêches et des études liées à leur souveraineté en Antarctique. D’autres pays se sont associés aux États-Unis, au Japon, à la Russie ou encore à l’Allemagne pour effectuer des observations des fonds marins, mais aucun véhicule n’est présent localement en permanence.
Le Chili est à la pointe de l’innovation en Amérique du Sud avec son véhicule sous-marin autonome nommé Audacia, et d’autres pays tels que la Colombie, l’Équateur et l’Uruguay développent des prototypes de DSV qui en sont aux étapes préliminaires pour être commercialisés. Ces différentes preuves d’innovation démontrent l’avancée en capacité humaine dans la région pour pousser en avant le développement de la recherche marine.